Le bon côté d'une Plume

Leanne & Elena

« Le bon côté d'une Plume »

Enfin, je me lève brusquement. C'est dingue comme certaines personnes peuvent si facilement arriver à me faire sortir de mes gonds. Je fixe Elena quelques interminables secondes, avec l'air de la personne qui voit bien que l'autre se fiche complètement d'elle.
C'est un fait, peut-être ridicule, mais je ne la supporte pas.
Ces derniers temps, la forêt est devenue tellement fréquentée que c'en est presque insupportable, le gibier a disparu des fourrés, tellement les nouveaux venus qui pénètre dans mon domaine sont indiscret et font un bruit inimaginable. Peu-être devrais-je leur donner des leçons de chasse ?
Dès que je songe à cette idée, je grimace. La chasse a toujours été le symbole de la famille Chetwood, ce qui nous donnait de la notoriété et de la reconnaissance dans le district, ce qui nous rendait spéciaux, en dehors des activités rebelles de mes parents, tenues plus que secrètes par crainte des représailles. Mais je comprends qu'avec l'approche de l'Expiation dont l'intitulé n'a toujours pas été révélé que les gens ont peur. Plus que d'habitude.
Qui sait comment ces Hunger Games seront ?
Je fusille Elena du regard.

- Oui, c'est ridicule. Ce qui est ridicule, c'est que tu n'aies jamais pensé à lever le moindre petit doigt pour essayer de te sortir de cette horreur. J'ai vu ton frère une fois dans la forêt, c'est drôle comme on ne dirait pas que vous faites partie de la même famille !

J'essaye de reprendre mon souffle et d'empêcher mes mains de trembler de rage, en serrant les poings tellement fort que mes ongles griffent ma peau, au point que quelques minuscules gouttes de sang tombent sur le sol. Quelle ironie. Moi qui pensait dire un truc vraiment invraisemblable avec l'histoire des langues coupées, je ne peux pas être moins crédible que ça.

- Et tu sais le pire ? C'est que ton frère m'avait fait bonne impression à ce moment. Mais au fond vous vous ressemblez.

Je dois me retenir de partir pour attendre sa réponse, si elle arrive à dire quoi que ce soit, mais la présence de Jon qui m'encourage du regard à dire tout ce que j'ai sur le coeur m'en empêche. Je dois rester. Pour lui remettre les idées en place sur la réalité du District Douze.

Leanne & Elena

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Le sourire encore aux lèvres, j'attendais une réponse de Leanne. Sans que je comprenne pourquoi, elle se leva d'un seul bond, en colère et me fusilla des yeux en serrant les poings, semblant se retenir de me frapper.

"Oui, c'est ridicule. Ce qui est ridicule, c'est que tu n'aies jamais pensé à lever le moindre petit doigt pour essayer de te sortir de cette horreur. J'ai vu ton frère une fois dans la forêt, c'est drôle comme on ne dirait pas que vous faites partie de la même famille !"

Je me levai, moi aussi, en colère. J'avais la forte impression qu'elle avait envie de se défouler et que je lui servais à ce moment de souffre-douleur. Ma remarque sur le ridicule de la situation ne concernait en aucun cas notre manque de nourriture mais plutôt cette remarque sur l'arrachement possible de ma langue. De plus, je protégeais ma famille en essayant de rester sagement à la maison malgré la faim. Je préférais risquer ma vie en ne mangeant pas à ma faim que risquer la leur en me faisant prendre. Mon frère prenait déjà trop de risques, si on attrapait deux membres de la même famille à chasser, toute la famille risquait le peloton d’exécution.

"Tu es vraiment lunatique comme fille. Tu cherche à te défouler sur moi ? En tout cas j'en ai l'impression vu que tu n'arrête pas de t'énerver alors qu'on riait simplement. "

Leanne serra fortement les poings, l'air encore plus énervée qu'auparavant. Je me demandai à ce moment pourquoi je restais, je devrais partir, cette conversation n'apportais rien que des conflits. Alors que je m'apprêtais à tourner les talons, Leanne repris la parole.

"Et tu sais le pire ? C'est que ton frère m'avait fait bonne impression à ce moment. Mais au fond vous vous ressemblez. "

Je sentis, moi aussi, la colère me monter à la tête, je ne supportais pas qu'on parle de mon frère en mal. La comparaison en elle même n'était pas offensante mais vu comme la jeune fille avait l'air de me considérer, nous étions pour elle la pire des vermines.

"Ton avis m'importe peu, je sais que nous sommes des gens bien, mon frère et moi, et chacun essaye de protéger notre famille à sa façon."

Je soupirai, tentant de me calmer, sans vraiment y arriver. Leanne et moi étions définitivement totalement opposées, et nous ne pourrions probablement jamais nous apprécier.

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