Les hovercrafts volaient bas dans le ciel, larguant leurs bombes meurtrières au sol. Les bâtiments s'effondraient, en proie à de violents incendies. J'étais attaché au sol, seul au milieu d'une rue, couché sur l'asphalte. Les langues de feu me léchaient le corps. Soudain, un engin, plus petit que les autres se matérialisa juste au-dessus de moi, cependant, j’eus le temps d’apercevoir l'engin lâché ; la bombe explosa sur moi... et j'hurlai. Je cirai de toute mes forces, me débattant comme un fou. Tout devint flou, les bruits se turent. Je sentis des filets de sueurs sur mon front. Je tâtai les morceaux de bois qui m'entouraient ; apparemment les bras d'un fauteuil. Je me relevai de ce meuble, des gouttes de sueur perlant sur mon front. C'était un cauchemar, sûrement... Je restais ainsi quelques instants, toujours sous le choc de cette effrayante expérience onirique. Peu à peu, je me focalisai sur un point, pour le moins troublant : la forme de ce qui m'avait bombardé. Ce n'était pas une forme d'objet volant, non c'était une forme humaine. Soudain, le visage de cette chose me réapparut nettement dans ma mémoire. C'était le visage de la présidente, le sourire au lèvres...
Je me dirigea vers un évier tout proche, et passa mes mains sous l'eau, puis je m’humidifia le visage. Après me l'être essuyé, je jetait un coup d’œil à ma montre. Enfin l'heure d'y aller. J’ouvris la porte majestueuse qui se trouvait à ma droite, et je traversai le couloir rapidement. Le Couloir Principal du Centre de Décision, au cœur du Commissariat du Capitole, un lieu grandiose, et impressionnant... Répartis à intervalles égaux, des hauts piliers soutiennent le plafond. Entre ces piliers, des portes de métal blanc sont frappées de numéros dorés. Les salles les plus proche de l'entrée du couloir sont petites, entourées de cloisons de plexiglas. Mais, à mesure que l'on avance, les portes s'espacent, les cloisons s’allongent, cédant le plastique au métal, puis le métal au béton blanchâtre. Dans ce lieu formidable contrastent le marbre blanc au sol  avec le marbre noir des piliers, les murs clairs  avec le les plaques noir mat du plafond. Et à l'extrémité, quelques marches montent jusqu'au parvis des portes numéro Un et numéro Deux, respectivement les numéros du chef des Pacificateurs et du chef de la Répression, mon poste depuis ce matin... Tandis que je gravis les ces marches de marbre blanc, j’éprouvais une sensation étrange. Un sentiment de force et de pouvoir, ou plutôt de soif de pouvoir, agrémenté de mon goût pour l'aventure. Comment ne pas ressentir cette sensation là où je me trouvait ? Je ne pouvais m'empêcher d'éprouver la même ressentit que celui que j'avais ressentit lors de mes treize ans, en visitant les couloirs extérieurs de ce même lieu. Un vent de mécontentement se faisait alors sentir parmi les bas prolétaires des districts pauvres. Mon prédécesseur décida de prouver sa soi-disant bonne foi compassionnelle en autorisant exceptionnellement les habitants de ma classe, la classe riche du Capitole, à pénétrer dans les locaux des Pacificateurs afin de les visiter, et ce pour prouver l'innocence des soldats... leur incompétence plutôt ! Quel imbécile ce "chef", évidemment cette bonne action n'eût aucun effet. J'entends bien faire changer cette politique, le peuple doit recevoir des coups pour accepter son maître. Il va falloir créer un nouveau Centre de Sanction ; oh ! je sais comment je le nommerais : le Tarpeium[2] ; l'Histoire est une roue parfaite...
Je me suis engagé dès ma majorité acquise au sein de la police, à dix-huit ans, j’étais déjà pacificateur... Au grand désespoir de mes parents, mais qu'importe ? Ils ont grandis, se sont rencontrés et m'ont élevé dans l'opulence et le plaisir. Jamais nous n'avons connut de graves soucis, si ce n'est l'épidémie des vermillons qui empêcha la confection de nombreux pigments et colorants pourpre, quel malheur pour mon maquillage ! Rares étaient les loisirs qui m'étaient refusés. La plus grande de mes distraction était et reste les Hunger Games. Quel joie, quel plaisir. Il y a d'abord l'ambiance délirante que provoque ce jeu au sein de notre population. C'est un moment incontournable dans la vie au Capitole. Qui peut résister devant ces jeunes tributs qui, malgré leur apparence innocente, du moins pour certains, vont devoir s'affronter jusqu'à la mort... Quel spectacle ! Ces beaux jeunes gens transformés en cadavres ensanglantés... Mais parents dépensaient des fortunes dans les paris !
Mes premières années en tant que Pacificateur furent satisfaisante aux yeux de mes supérieurs, et ceux-ci me firent peu à peu monter en grade. Jusqu'à hier où je fus nommé chef de la Répression[3], poste à la tête de toute l'armée de soldats de la capitale. J'espère pouvoir enfin faire payer à mes détracteurs, ces scélérats qui dévoilent mes faiblesses pour l'argent. Je vais enfin pouvoir faire comprendre à ces maudits districts qui dirige, à Panem...

Je posai ma main sur le loquet doré, et ouvris la porte de mon bureau, seul, pour la première fois. Mes yeux étaient fixés au sol, tant les émotions qui me submergeaient étaient fortes. Enfin, je rentrai dans ce lieu  seul. Pour la première fois mon travail à ce poste allait commencer ! Je leva doucement ma tête, et je fus saisis de stupeur. En face de moi, au centre de la salle, trônait un gigantesque portrait de la présidente. La même expression que dans mon cauchemar...