Le soleil ne cessait de brûler sa peau. Sa bouche était sèche et il désirait plus que tout un peu d'eau. Depuis le début de cette longue journée de moisson, la chaleur l'harassait. La canicule faisait rage et rendait les travaux aux champs d'autant plus difficile qu'ils ne l'étaient déjà.
De plus Kamon souffrait du manque de sommeil, il n'avait pas réussit à dormir, la température qui régnait dans la chambre était bien trop élevée. Seulement ce n'était pas la seule raison à son insomnie. Ses pensées étaient centrées autour de Libula. Sa belle et douce Libula. Certes il gardait en tête qu'ils étaient amis, ou plutôt meilleurs amis mais il ne pouvait se sortir de la tête la promesse qu'il s'étaient faite durant l'après midi. Il se rappelait de ce moment où ils s'étaient promis de se marier si Kamon passait cette dernière moisson. Il la craignait tant et il avait raison d'appréhender car cette urne allait contenir 31 papiers le concernant. Il avait peur d'être tiré mais ce n'était pas par peur de mourir, il s'inquiétait surtout sur sa famille car sans lui ils allaient sombrer vers la famine, il était une des principales sources de revenus. Il ne voulait pas les abandonner.
Il s'acharnait à la tâche et travaillait vaillamment. Tout cela pour une mince somme d'argent. Ce travail était ingrat et très difficile. Son dos le faisait souffrir et sa peau était usée par la soleil. Autour de lui il ne voyait que très peu de personnes de plus de 30 ans, seulement des jeunes déjà usés physiquement et psychologiquement aussi. La faim était difficile à supporter. Son ventre criait famine, il n'avait pas mangé depuis la veille au soir et le repas avait été assez maigre. Il ne cessait de penser à la partie de chasse qui allait suivre, il espérait qu'elle serait bonne, il avait besoin de ramener de quoi manger. Il ne pouvait plus patienter plus longtemps pour rejoindre Libula, il n'avait pensé qu'à elle durant toute la journée et c'est bien cette belle pensée qui avait l'avait aidé à tenir le coup. Il avait besoin de se détendre et passer du temps avec Libula était le meilleur moyen de ne pas penser à ses problèmes.
Cette chaude journée d'août touchait à sa fin et Kamon en était soulagé. Alors qu'il s'apprêtait à partir il vit Lucas l'air pensif. Il le connaissait bien, cela faisait quelques années qu'ils travaillaient tous les deux aux champs. Lucas était ce qu'on pouvait appeler un bon ami, ils se comprenaient bien. Il lui fit un signe de la main mais ce fut vain. Il ne l'avait pas vu. Il s'approcha donc de lui :

-Hé Lucas !  

Il fit une pause et ajouta avec un sourire :

T'as l'air bien pensif !

Putain il faisait vraiment très chaud aujourd’hui, c’était à peine supportable… Le soleil était en train de me brûler la peau, comme il le faisait rarement. J’avais déposé mon tee-shirt sur la barrière, et c’était une grave erreur, car je sentais à présent mon dos, mon torse et mes épaules prendre une teinte violacée. Vraiment, c’était inhumain de travailler dans de telles conditions, et je sentais que tous les jeunes travailleurs autour de moi étaient du même avis.

Ne pensant plus vraiment à travailler, je retournais vers la cabane de stockage pour me réhydrater un peu. Au passage j’attrapais mon haut et l’enfilait à la va-vite, non sans douleur. Je bus avec grand plaisir la dernière moitié du contenu de ma gourde qui devait me faire la journée, et m’aperçut qu’elle était vide à présent. Il me restait encore bien deux heures avant que la nuit tombe à moissonner les champs. Je m’assis sur le tabouret qui était prévu à cet effet, et attendit un peu, le temps de reprendre mon souffle.

Quand je travaillais, je ne pensais à rien, je ne faisais qu’insulter par la pensée un gouvernement inutile qui nous imposait ça. C’était cette cause qui faisait mes journées, encore plus que la cause Cassandre. Certes, je pensais à elle souvent, et mes sentiments à son égard étaient véritables, mais je n’arrivais pas à me concentrer sur plusieurs choses en même temps, alors je gardais la rage, qui elle me permettait d’avancer dans mon travail.

Et c’est dans mes pensées que mon collègue et ami Kamon Nealmore me trouva. Je ne l’entendis pas tout d’abord, mais je compris qu’il me demandait quelque chose du genre « tu penses à quoi ? ». A vrai dire, j’appréciais beaucoup ce garçon, mais je ne pouvais pas lui avouer comme ça mes rêves de rébellion, qui étaient quelque chose d’inavouable à quiconque que j’aimais.  Je relevais la tête vers lui et le saluai d’un signe de main qui se voulait mou et indolent.

-Salut Kam… Ouais je suis cassé ce soir, encore plus que d’habitude, c’est vraiment dur. Je sens plus mes bras, et en fait je ne sens plus aucun membre de mon corps, ajoutai-je avec un rire peu sérieux.

Je me relevai en m’appuyant sur le mur, mes genoux me blessaient encore assez fortement, et je m’adossai donc immédiatement contre le mur. Grave erreur, car mon coup de soleil que je venais de me faire me brûla atrocement. Je ne pus éviter la grimace.

-J’ai travaillé torse nu aujourd’hui, j’en paye les frais, expliquai-je à Kamon, pour qu’il comprenne où était mon problème.

By Halloween sur Never-Utopia