[FlashBack] Dis moi ce qui ne va pas

Dis moi ce qui ne va pas

❝ Eli, Chase et Grace. ❞

Je rentrais des cours, d’un pas déterminé bien que fatigué. Une nouvelle longue journée venait de se terminer, et j’avais hâte de rentrer pour aller cher les Maccini finir ma formation. Je ne devais pas traîner pour ne pas arriver en retard, c’était quelque chose que son patron ne supportait pas, et je mettais un point d’honneur à être impeccable pour qu’on n’ait pas à reprocher mon comportement et être recommandée autre part si on n’avait plus besoin de moi.

J’espérais croiser Romain avant de travailler, juste le prendre dans mes bras et lui demander comment s’était passé sa journée. Je n’avais pas beaucoup de temps pour lui en ce moment, et le voir, même l’apercevoir quelques instants me soulagerait et m’apaiserait. C’est donc pleine d’espoir que je tournais à l’intersection de notre rue. Je n’avais plus qu’une dizaine de mètre avant d’arriver à notre maison. J’accélérais le pas, de peur de louper Romain et en deux enjambées j’avais attends le perron de la maison. Je découvris, ravie, qu’il était assis sur les marches.

« Romain ! Je suis contente de te voir, je ne voulais pas te louper. Comment s’est passé ta journée ? »

Malgré la fatigue, mon ton était enjoué et je n’avais pas besoin de faire semblant, ou de forcer le ton. Sans attendre sa réponse, je m’asseyais à côté de lui et le serra dans mes bras. Mais à peine mes bras avait fait le tour de son tout frêle, je compris que quelque chose n’allait pas. Je me décalais et le regardait de haut en bas, cherchant le problème. J’aurais pu ne me rendre compte de rien si je n’avais pas jeté un coup d’œil à mes mains. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Elles étaient tachées de sang, et je savais que je ne m’étais pas blessée avant. Ce sang n’était pas le mien, c’était celui de Romain. Je le regardais en essayant de garder mon calme, même si ma voix traduisait une inquiétude que je ne parvenais pas à dissimuler :

« Qu’est-ce que tu t’ais fait bonhomme ? Tu t’ais fait mal quelque part ? »

Ce n’était pas la première fois que je devais soigner une blessure de Romain : boute-en-train comme il était, il lui arrivait régulièrement de rentrer de l’école avec des égratignures. Mais dans ces cas-là, il venait me voir immédiatement pour que je m’en occupe. Mais cette fois ci, son silence m’inquiétait et j’espérais qu’il ne cachait rien de plus grave.

En serrant dans ma main ses p’tits doigts, j'examinais rapidement sa blessure, et mon inquiétude ne faisait qu'augmenter. Je n'en avais jamais vu d'aussi grave auparavant, et même s'il semblait ne rien vouloir en laisser paraître, il devait avoir mal. Son sang sur mes mains autant que son silence me faisaient tout aussi mal. Je ne savais mesurer la gravité de ses blessures: il y avait du sang, c'était impressionnant, mais était-ce pour autant alarmant ?

Ma voix se fit aussi douce que possible lorsque je repris la parole:

« Tu ne bouges pas d'accord bonhomme ? Je vais chercher du désinfectant pour nettoyer tout ça. »

En moins d'une minute je m'étais précipitée à l'intérieur, avais saisit le désinfectant dans notre trousse à pharmacie, quelques mouchoirs, et étais revenue auprès de Romain.

« Ca va piquer un peu, c'est normal. Tu peux serrer mon bras si tu veux. En attendant, si tu me disais comme tu t'étais fais ça hein ? »

Tout en parlant, j'avais appliqué un peu de désinfectant sur un mouchoir, et commençait à l'appliquer doucement sur ses plaies.

(c) sweet.lips

Dis moi ce qui ne va pas [Flashback de 4 ans]

Chase, Grace & Elisabeth

Je suis là, assis sur le balcon de la maison, les pieds à plat sur la marche plus basse que le reste de mon corps. Je réfléchis pas, ma tête est beaucoup trop pleine de trucs qui se battent ensemble pour que je comprenne quelque chose. C’est comme si trente mécaniciens de demandaient de leur amener un objet différent : je n’en comprends pas un seul et je reste là, perdu. Je suis tout coincé à l’intérieur, comme si un poids lourd m’écrasait et que son chauffeur refusait de le faire avancer. Je respire et le vent ébouriffe mes cheveux, mais ma tête qui tourne manque d’air. Tout ce qui me garde sur Terre, c’est ce pincement et cette chaleur que je ressens à gauche sur mes côtes et sur mon ventre. Je ne sais pas quoi faire, ni combien de temps ça va durer, alors je reste là, assis sur le perron, à fixer mes orteils, laissant ma tête subir les soubresauts des batailles qui s’y livraient.

J’entends une voix que je connais par cœur. Une voix qui me rassure, d’habitude. Mais est-elle vraiment là ou bien c’est ma tête qui me joue des tours? Quelqu’un s’assoit à ma droite et je me concentre encore plus sur mes orteils, que je plie un peu sur les planches. Je sens alors les bras de Grace me serrer contre elle. Je me laisse faire, mais me raidis et me libère de son câlin aussitôt que ses mains se déposent le côté gauche de mon corps, une grosse douleur interrompant les duels dans ma tête. Tout d’un coup, je me souviens de ce qui s’est passé. De tous les détails. Grace m’observe d’un regard bizarre alors que mes yeux tristes se tournent vers elle. Sur ses mains, il y a le même sang, encore chaud, que sur mon chandail, du côté qu’elle ne pouvait pas voir au début

« Qu’est-ce que tu t’ais fait bonhomme ? Tu t’es fait mal quelque part ? »

Je veux te répondre, Grace, mais je ne suis pas capable. Ma bouche ne fait que s’ouvrir, mais aucun son ne sort. Mes yeux retournent se plaquer sur mes orteils et ma tête se contente de hocher à la positive. Je ne peux pas cacher que j’ai mal, mais je peux cacher ce qui s’est passé. Je dois cacher ce qui s’est passé. Sinon, il va être en colère et la prochaine fois sera pire. Je sens la main de ma sœur prendre mes doigts puis elle va remonter le bas de mon t-shirt. Je me débats un peu parce que je ne veux pas qu’elle voit, je ne veux pas lui faire peur. Mais je fini par la laisser faire. Je commence à paniquer : j’ai tellement peur de sa réaction! Sous mon t-shirt, six petits trous d’un ou deux centimètres de diamètres, groupés deux par deux, sur le côté gauche de mon petit ventre. Autour des duos, des bleus commencent déjà à apparaître. Mais la plus grande blessure débute sur mes côtes et se rend jusqu’au bas de mon ventre en une ligne droite au bout de laquelle on retrouve les mêmes deux petits trous, l’un après l’autre dans le sens de la ligne. Ceux-là sont plus profonds que les autres et c’est de là que le sang est le plus sorti. Je regarde ma sœur, inquiet et effrayé. Je n’aurais pas dû lui montrer. J’aurais dû courir très loin en la voyant arriver. J’aurais dû, mais je suis trop étourdi et elle m’aurait sûrement rattrapé.

« Tu ne bouges pas d'accord bonhomme ? Je vais chercher du désinfectant pour nettoyer tout ça. »

Je n’ai même pas le temps de penser à m’enfuir qu’elle est de retour, une grosse bouteille de ce liquide qui brûle dans ses mains. Oh non, pas encore ça!!

« Ca va piquer un peu, c'est normal. Tu peux serrer mon bras si tu veux. En attendant, si tu me disais comme tu t'étais fais ça hein ? »

Sans hésiter une seconde, j’agrippe fort le bras de Grace des deux miens et je ferme les yeux en attendant la brûlure de cette méchante eau. Lorsque le feu explose sur mon ventre, je serre son bras et me retiens de crier en me disant que ce n’est rien à côté de sa clé à mollette. Au moins, le mal me change les idées. Pendant les quelques secondes que durent chaque feu, j’oublie cette peur intense qu’elle devine ce qui s’est vraiment passé. Je dois trouver une excuse du tonnerre qu’elle va croire. Je n’aime pas mentir à Grace, même si ce n’est pas la première fois pour ce genre de chose.

« Je… Je suis allé dans le garage à papa chercher quelque chose et puis… euh… je suis… j’ai trébuché et je suis tombé sur… sur une pile d’outils… »

Les mots sortent un à un parce que je revois au fur et à mesure les vrais événements dans ma tête. Je reste fort, mais des larmes coulent quand même sur mes joues. C’est pas grave, elle va penser que c’est le mal qui me fait pleurer. Je ne la regarde pas, fixant mes orteils.

« Je… Je dois y aller… »

Je me lève rapidement, ignorant le mal sur mon ventre, mais je sens la gale craquer et un peu de liquide chaud recommencer à sortir. Et ma maudite tête se remet à tourner! Je m’appuie sur la clôture du balcon et mon autre main écrase ces deux trous à nouveau ouverts.

« Grace! »

electric bird.

Dis moi ce qui ne va pas

❝ Eli, Chase et Grace. ❞

Mes mains tremblaient à mesure que j’appliquais le produit sur ses blessures, dont je découvrais au fur et à mesure l’étendue. Je prenais autant que je pouvais sur moi pour ne pas fermer les yeux devant le sang qui coulait de ses blessures, ou pour ne pas trembler. Je devais être forte pour lui, lui montrer que j’avais la situation en main. C’était déjà assez difficile pour lui, je ne devais pas lui compliquer la tâche.

Je sens des larmes me piquer les yeux lorsqu’il s’agrippe à mon bras. Non pas qu’il me fasse mal, mais je ne supporte pas le voir souffrir comme ça. Soudain, je panique. Est-ce que c’est normal qu’il ait aussi mal ? On m’avait appris à désinfecter après une blessure, mais ce n’est pas normal qu’il ait encore plus mal, si ?

« Je… Je suis allé dans le garage à papa chercher quelque chose et puis… euh… je suis… j’ai trébuché et je suis tombé sur… sur une pile d’outils… »

Les larmes coulent au fur et à mesure qu’il parle. Je le devine car je vois des gouttes tomber sur son pantalon. Pourquoi fixe-t-il si intensivement le sol ? Pourquoi ne lève-t-il pas les yeux vers moi ? J’ai besoin de croiser ton regard Romain, s’il te plait, j’ai besoin de croiser tes yeux pétillant, pleins de vie, pour qu’ils me disent que malgré tes blessures, tu vas bien. Je pose le coton imbibé de désinfectant à côté de moi et approche ma main de son visage, pour pouvoir le regarder dans les yeux. A peine avais-je esquissé mon geste que Romain se lève soudainement.

« Je… Je dois y aller… »

Prise au dépourvue, je le vois avancer de quelques pas avant de pouvoir réagir. Ses jambes frêles se semblent plus pouvoir le porter, et j’ai peur qu’il fasse un malaise. Il a perdu du sang, trop de sang. Je ne sais pas comment il peut en perdre encore, est-ce possible qu'il y ait autant de sang dans un si petit corps ? Au fond, qu’est-ce que j’en savais, j’étais beaucoup plus douée pour réparer une voiture qu’un corps humain, et dès que cela concernait Romain je perdais tous mes moyens. Un petit cri, à moitié un râle, me sortit de ma torpeur

« Grace ! »

Je me levais d’un bond pour le supporter avant qu’il ne s’écroule. Instinctivement, je le porte en faisait attention que sa tête ne heurte pas le sol. Mon dieu, comment peut-il être aussi léger ? Je le soulevais du sol sans aucune difficulté. J’espérais ne pas appuyer sur ses blessures, tandis que je me précipitais à l’intérieur. Je le posais aussi délicatement que je mes bras tremblants le pouvaient sur le canapé dans le salon.

Qu’est-ce que je devais faire, qu’est-ce que je devais faire, qu’est-ce que je devais faire ? Au lieu de trouver une solution, cette question se répétait en boucle dans ma tête, je n’arrivais pas à penser à autre chose. On se calme, on respire, et on essaie d’y voir clair. Un médecin, il me faut un médecin. Je ne pense pas un instant au prix auquel je vais devoir le payer, de toutes façons je n’ai pas le choix. Je ne sais pas quand rentreront mes parents, et moi je ne sais pas quoi faire, à part paniquer je ne sers à rien. Je ne sais pas s’il m’entend, mais je lance quand même en direction de Romain, toujours allongé sur le canapé :

« Tu bouge pas d’accord, je te promet que j’arrive bientôt. Très bientôt. »

Je m’élance aussitôt en dehors de la maison. Où habite le médecin déjà? Je me retourne brusquement, manquant de heurter la personne derrière moi. Je reprends mes esprits et bafouille des excuses :

« Excusez-moi, je suis un pressée, je cherche un médecin et… »

Je lève les yeux sur la personne que j’ai bousculée. Son visage me dit quelque chose;elle doit avoir mon âge, il me semble que nous étions ensemble à l’école.

« Oh, mais tu n’es pas Elizabeth ? Ce n’est pas toi qui voulais être médecin ? S’il te plait, j’ai besoin de ton aide, mon frère, il saigne, il y a du sang partout, trop de sang… »

J’aligne des mots sans savoir vraiment s’ils ont un sens. J’essaie de parler plus lentement.

« Mon frère est blessé, il est chez moi, juste ici - je pointais notre maison du doigt -, est-ce que tu pourrais m’aider s’il te plait, s’il te plait… »

Je suppliais à moitié. Il fallait qu’elle m’aide, il fallait qu’elle soigne Romain, il fallait qu’il aille mieux. S'il vous plait, faites qu'il aille mieux.

(c) sweet.lips

Dis moi ce qui ne va pas

Grace, Chase et Eli

Je venais de sortir de l'hôpital, j'avais commencé cette année les stages d'observation comme aide soignante. Ma sacoche collée contre ma hanche, mon pas était rapide et j'étais perdue dans mes pensées. J'étais persuadée que c'était le métier que je voulais faire. J'avais déjà fait quelques soins auprès des médecins, je les aidais, les assistais. J'avais hâte de revoir Twys pour lui dire que c'était bien ça que je voulais faire : médecin. C'était vraiment ma voie. J'espérai très fort chaque année de ne pas être moissonnée pour ça.

Je devais passer par les quartiers un peu moins tranquille aujourd'hui, car j'avais des kits à laisser aux plus démunies. Je faisais un peu de bobologie auprès de certains drogués aussi, si Twys l’apprenait, il m'interdirai de sortir de la maison, même pour me rendre à l'hôpital travailler. C'était la seule chose que je lui cachais. Je faisais ça depuis déjà plusieurs mois.

Alors que je fonçais tout droit quelqu'un me bouscula et me sortit de mes pensées. « Excusez-moi, je suis un pressée, je cherche un médecin et… Oh, mais tu n’es pas Elizabeth ? Ce n’est pas toi qui voulais être médecin ? S’il te plait, j’ai besoin de ton aide, mon frère, il saigne, il y a du sang partout, trop de sang… »

J'étais étonnée de sa demande. Un médecin ? Mais mais mais je n'étais pas encore médecin ! Loin de là même. Mon Dieu quelle responsabilité. Je me remettais la personne, cette blonde n'était autre que Grace, on était à l'école ensemble. Oui c'était sûr. Je n'oubliais jamais un visage. Mon cœur commença à s'emballer. Son frère était blessé et il y avait beaucoup de sang ? J'hésitais qu'une micro seconde finalement. Mon instant repris le dessus, je ne pouvais pas laisser quelqu'un dans le besoin. Elle avait besoin de moi.

"Où est-il ?"

Elle me désigna sa maison et je me mis à courir à sa suite jusqu'à son frère. On le transporta à l'intérieur. Débarrassant la table de la cuisine je remontais son haut. Ma bouche s’entrouvrit et mes yeux s'arrondirent en voyant les blessures, les trous et les bleus. Je levais mes yeux vers Grace un instant avant de les refixer sur son frère. Savait-elle comment il s'était fait ça ? D'après ma maigre expérience, ces blessures n'étaient pas accidentelles, elles avaient toute la même forme. Elles avaient été faite par un objet contondant. Je dégageais mon sac pour en sortir du matériel, par chance j'avais des kits sur moi. Je sortis des gazes pour les plaquer sur les plaies qui saignaient le plus. J'appuyais fort pour comprimer et arrêter le saignement.

"Grace, appuie ici fort, comme je fais, je vais voir ce que j'ai dans mon sac"

Le petit garçon était pâle. Grace prit le relai et je me penchais vers lui, caressant son visage pour le rassurer. Je lui demandais son prénom et je lui donnais le mien.

"Je vais m'occuper de toi d'accord ? Tu es très courageux !"

Je fouillais mon sac. Il allait falloir recoudre. J’aperçus alors la bouteille d'alcool posait sur le sol que je récupérais aussitôt. Il fallait que je vois la taille, pour être sûre que l'ouverture nécessitait des points de sutures. Je repris des gazes et les imbibais du désinfectant. Je repris ensuite la place de Grace.

"Rassure le, tiens lui la main. Ça va piquer Romain."

J'enlevais la gaze pleine de sang et appliquais l'alcool, la plaie avait arrêté de saigner mais elle menaçait de s'ouvrir de nouveau. Je relevais ma tête vers Grace.

"Je vais devoir le recoudre. Il faudrait aller à l'hôpital..."

Je sentais que le petit garçon paniquait à cette idée. Comme presque toutes les victimes de maltraitance. Est-ce que c'était Grace qui l'avait battu ainsi ? Le doute pouvait être là. je ne l'avais pas connu comme ça, mais les gens cachaient bien leur jeu.

"Romain, je sais le faire, mais tu risques d'avoir mal si on le fait ici."

Je relevais ma tête vers Grace. "Que fait-on ?"

J'avais appris ce soin, c'était les premiers que j'avais pratiqué à l'hôpital. Et ces points étaient simples. Mais sans anesthésiant, il risquait d'avoir mal. Mais il ne fallait que trois points vu la taille, ça irait probablement vite.

FICHE PAR DITA | EPICODE