Plaquette de frein et rotule de direction

❝ Neal et Grace. ❞

Cela faisait 3 jours que je cherchais désespérément une pièce qui me manquait pour finir de réparer la voiture que l’on nous avait confié une semaine auparavant. En attendant de l’obtenir, j’avais fini de préparer la voiture, et j’étais assez fière de ce que j’avais fait : elle était comme neuve. Je l’avais nettoyée de fond en comble, je voulais rendre un travail impeccable, à la fois pour mériter l’argent que j’allais gagner mais aussi pour montrer que j’étais digne de confiance. C’est comme ça que j’avais réussis à me faire une place dans ce garage, dont rien n’avait obligé le patron à m’embaucher. D’où l’éternelle gratitude que je lui vouais.

Je jetais un coup d’œil à ma montre. Guiliano m’avait prévenu qu’il avait engagé quelqu’un qui devait passer aujourd’hui pour m’apporter la pièce manquante, il ne devrait pas tarder. Parfait, après ça, j’aurais fini ma journée et je pourrais rentrer tranquillement, il n’était pas tard et j’avais l’après-midi devant moi.

Je n’avais rien prévu de particulier, j’aimais juste profiter de mon temps libre pour flâner dans les rues du district. Elles n’étaient ni particulièrement belles ou attractives, mais j’aimais y voir la vie qui grouillait dans tous les sens. Tout le bruit l’empêchait de penser et c’était son seul moyen pour se vider la tête. J'avais beau me consacrer autant que je le pouvais dans mon travail, il y avait toujours une partie de mon cerveau qui était consacrée à la recherche de Romain. D’ailleurs, je profiterais peut-être pour aller voir Ismaël, il avait peut-être de nouvelles informations. A quelle heure finissait-il son service déjà ? Je jetais un coup d’œil à ma montre. La personne qu’avait engagée Guiliano ne devait pas tarder.

La fréquence à laquelle je regardais ma montre augmentait à mesure que l’heure approchait. Je n’avais qu’une hâte, finir ma journée. J’étais au garage depuis huit heures ce matin, la journée commençait à être longue.

Lorsque j’entendis des pas devant l’entrée dont la porte était ouverte, je n’ai pas réussis à cacher mon impatience :

« Il était temps ! Le garage n’est pourtant pas difficile à trouver!»

Lorsque la personne en question franchit le perron de la porte, j’hésitais un instant. Je ne l’avais jamais vu avant au district, et il avait l’air bien jeune pour être celui que Guiliano m’avait recommandé. Je me ravisais mentalement : je savais que mon patron accordait de l’importance à la confiance et à l’efficacité, comme je savais qu’il avait compris que ces qualités ne se mesuraient pas en fonction de l’âge –sinon je ne serais pas là. D’un ton un peu plus poli –et moins impatient, je lui exposais la situation :

« Je suis Grace, apprentie chez Guiliano, celui qui t’as contacté. On aurait besoin d’une pièce en particulier, je ne l’ai trouvé nulle part et il m’a dit que tu pouvais m’aider… »

L’invitant à entrer, je me dirigeais vers la voiture en question. D’un geste vif, j’ouvris le capot et me penchais vers le moteur :

« Regarde ici, il manque une rotule de direction et une plaquette de freinage, mais la voiture est très vieille et je n’ai pas réussi à trouver la exactement le pièce qui manque, celles d’aujourd’hui ne correspondent pas… »

Je relevais la tête vers lui, la voix pleine d’espoir :

« Tu sais où je peux trouver ça ? »

(c) sweet.lips

Dernière édition par Grace C. Wilkins le Ven 2 Sep - 14:18, édité 1 fois

Neal sorti de la réunion hebdomadaire dans la salle qu’il avait réservé chez lui. Il était fatigué de jouer le clown à longueur de journée, mais il ne savait pas ce qu’il pouvait faire d’autre. Et d’ailleurs, s’il arrêtait son activité maintenant, on saura que c’était un charlatan, et ce n’est pas ce qu’il y a de plus préférable.

Il fit sortir les gens de chez lui, rangea les chaises sur les côtés et donna un coup de balai sur le sol. Depuis qu’il était parti de sa maison familiale, il était devenu bon à marier (façon de parler bien évidement) : il faisait sa cuisine, son ménage et sa lessive… Il faisait tout ça quand il était seul, pour garder une certaine crédibilité. Il devrait penser à engager un domestique… C’était à voir.

Il laissa son activité de côté pour s’abandonner à son autre occupation : la mécanique et les pièces détachées. Pas plus tard qu’hier, un garagiste l’avait appelé pour lui demander de l’aide. Il aurait pu refuser, sachant que son entreprise fleurissait de jour en jour. Mais il se dit que si son activité coule du jour au lendemain, il aura toujours un métier de secours. Il faut toujours avoir un plan B dans la vie, même si cela demande des sacrifices. Et ce jour-là, le sacrifice était de traverser tout le district pour aider un garagiste à la place de boire un bon verre de cognac dans son salon.

Il décida néanmoins de s’offrir un petit verre avant de se mettre en route. Il prit son temps, il n’allait bien sûr pas se presser. Il arriva sur les lieux et vit une blonde de son âge courir vers elle.

Il était temps ! Le garage n’est pourtant pas difficile à trouver!

Neal leva un sourcil. L’accueil était chaleureux, c’est bien. Il grommela.

Bonjour à vous aussi...

Il passait une mauvaise journée, mais décidemment, ça pourrait être pire, à cause de cette jeune femme.

Je suis Grace, apprentie chez Guiliano, celui qui t’a contacté. On aurait besoin d’une pièce en particulier, je ne l’ai trouvé nulle part et il m’a dit que tu pouvais m’aider…

Neal, enchanté… Et oui, c’est mon métier.

Il le dit avec un sourire en coin, il aimait quand les gens avaient besoin de lui. Elle lui montra ce dont elle avait besoin. Neal se pencha au-dessus de la voiture avec curiosité.

Regarde ici, il manque une rotule de direction et une plaquette de freinage, mais la voiture est très vieille et je n’ai pas réussi à trouver la exactement le pièce qui manque, celles d’aujourd’hui ne correspondent pas… Tu sais où je peux trouver ça ?

Neal remarqua qu’elle la tutoyait, bon pourquoi pas… Il prit néanmoins quelque temps avant de réfléchir. Il était en contact avec de nombreux garages et avait du mal de temps en temps à réunir les informations que ses clients demandaient. Après un court instant, il annonça :

Je sais exactement où l’on peut trouver ces pièces.

Il s’arrêta. Parfois, il disait ça sans vraiment savoir le lieu exact, mais le client n’avait pas besoin de savoir. Il voulait du professionnalisme, c’est tout. Coup de chance pourtant, il savait cette fois ci où trouver les pièces.

C’est dans un garage dans un des quartiers au nord du district. C’est assez loin.

Il n’ajouta pas de détails, elle n’en n’avait pas besoin. Il préférait être concis et clair, ça faisait gagner du temps à tout le monde.

Donne-moi une heure, je vais te les chercher.

Il la tutoya aussi, il n’avait pas le temps avec les formalités. Il allait se diriger vers la sortie

Sinon, t’as besoin d’autres choses ? Tant que je suis là…

Il devait arrêter d’être aussi aigri, ça faisait fuir les clients. Mais cette fille l’agaçait un tout petit peu, et il ne passait pas une bonne journée, comme je le disais un petit peu plus tôt. Bon, il savait qu’un petit sourire ne faisait pas de mal. Un sourire peut cacher beaucoup de choses, mais le commun des mortels n’est pas assez aguerri pour le savoir.

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Plaquette de frein et rotule de direction

❝ Neal et Grace. ❞

Le prénommé Neal réfléchit un instant avant de répondre :

« Je sais exactement où l’on peut trouver ces pièces. »

Je retins un soupir de soulagement –mêlé d’impatience : qu’est-ce qu’il attendait pour aller chercher les pièces ? On ne le payait pas pour ne rien faire non plus !

« C’est dans un garage dans un des quartiers au nord du district. C’est assez loin. »

Les quartiers du nord… Je ne les connaissais que trop bien. J’habitais là-bas, avant de rejoindre les Je secouais la tête, tachant de ne pas y penser. Neal continua, inconscient de mon trouble :

« Donne-moi une heure, je vais te les chercher. »

Une heure… J’hésitais un instant, le temps pour lui de se diriger vers la sortie avant de s’arrêter et de me lancer sur le même ton sur lequel je l’avais accueilli quelques instants auparavant :

« Sinon, t’as besoin d’autres choses ? Tant que je suis là… »

Il accompagna sa question d’un sourire avec lequel il semblait vouloir compenser le ton brusque qu’il avait pris, mais je n’y payai pas attention. J’hésitais encore un instant avant de lancer d’une voix que je voulais assurée :

« Je t’accompagne ! »

Je ne pouvais pas faire marche arrière, je justifiais donc ma venue en marchant d’un pas rapide pour le rejoindre :

« Je veux savoir où c’est pour une prochaine fois, et comme ça, ça t’évites de revenir me donner les pièces. »

Ce n’était pas la véritable raison. Je me faisais violence pour y aller, ce n’était pas quelque chose qui me réjouissait. Il est vrai que c’était plus pratique que je sache où je pouvais me procurer ces pièces, mais je savais que ce n’était pas la seule raison. Si j’avais réussi à ne pas y retourner dans ce quartier depuis que j’étais partie, je n’allais pas l’éviter toute ma vie. Le mieux était sûrement d’y retourner le plus tôt possible. En plus, j’avais une raison « professionnelle » d’y aller, ça m’évitera d’être tentée de me laisser guider par mes pas, qui me mèneront automatiquement à mon ancienne maison. En accompagnant Neal, j’étais sûre de ne pas y aller.

« Et non, je n’ai besoin de rien d’autre. Je sais que t’es pas payé pour ça, mais t’as quand même le droit d’être agréable hein, personne t’en voudra. »

J’étais arrivée à sa hauteur et avais fini sa phrase en le regardant dans les yeux, montrant qu’il ne fallait pas me chercher. Il avait l’air d’aussi mauvaise humeur que moi, et si personne ne faisait d’effort, on allait finir par se taper dessus au lieu d’aller chercher les pièces dont j’avais besoin. Prenant sur moi, je repris sur un ton plus agréable :

« Désolée, c’était une longue journée. Si ça te pose pas de problème, j’aimerais t’accompagner, comme ça on aura fini plus tôt tous les deux. »

C’était une politesse déguisée, je ne lui demandais pas son avis. Pour le lui faire comprendre, je me dirigeais vers la porte, me saisit de la poignée et l’ouvrit en grand, l’invitant à sortir pour que je puisse le suivre.

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Il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui réponde ça.

« Je t’accompagne ! »

Il ne savait pas s’il avait réussi à cacher sa surprise. Il n’aimait pas quand quelque chose ne se déroulait pas comme il l’avait prévu. Ce changement de plan n’avait pas trop d’impact pour lui, heureusement. Il aurait sinon réagi d’une toute autre manière.

« Je veux savoir où c’est pour une prochaine fois, et comme ça, ça t’évites de revenir me donner les pièces. »

C’était une bonne excuse, il ne pouvait rien argumenter contre sa décision. Il décida donc de concéder sa demande.

Si ça te fait plaisir.

Il devait rester avec cette personne pour qui il avait (il ne savait pas pourquoi) un étrange ressentiment. Elle ne lui avait pourtant rien fait… Bah, il devait juste être fatigué. Dans ces moments là,il se mettait à broyer du noir et à voir le mal partout. Il se promit de se contrôler, c’était un nouveau client ! Il avait une réputation à tenir, car sans elle, il n’était plus rien.

« Et non, je n’ai besoin de rien d’autre. Je sais que t’es pas payé pour ça, mais t’as quand même le droit d’être agréable hein, personne t’en voudra. »

Il haussa un sourcil. Cette fille l’étonnait de plus en plus. Encore une fois, il se demandait si sa surprise se voyait sur son visage. Cacher ses émotions était la clé pour gagner du pouvoir. Il essaya de garder une expression impassible. Il décida de ne pas répondre à ce qu’elle venait de dire tant cela ne le touchait pas. Cela l’amusait même. Un rictus vint s’installer sur son visage. Il n’allait pas répondre car cela ne servait à rien de gâcher de la salive pour si peu. Elle attendait sûrement ce qu’il allait dire, mais Neal ne lui donna pas cette joie. Il faut choisir ses combats, et se battre avec une garagiste du fin fond du district n’en était pas un.

« Désolée, c’était une longue journée. Si ça te pose pas de problème, j’aimerais t’accompagner, comme ça on aura fini plus tôt tous les deux. »

Elle le décevait un petit peu. Elle ne lui aurait pas tenu tête très longtemps finalement. Elle ouvrit la porte à la volée, comme si elle s’attendait à ce qu’il refuse à tout moment qu’elle vienne.

Je n’en doute pas. Et bien, après toi je t’en prie…

Il montra la porte d’un geste de la main, l’invitant à passer devant elle. Il sorti à son tour. Ils commencèrent à marcher, côte à côte. L’endroit où il trouverait les pièces détachées était assez loin. Il allait devoir faire la conversation s’il ne voulait pas que le temps passe trop longtemps. Il n’aimait pas tellement ça, même s’il y arrivait plutôt bien. C’était seulement parler avec des personnes qui avaient des préoccupations mineures qui le dérangeaient. Il ne doutait pas que cette jeune fille soit l’une de ces personnes. Néanmoins, il commença :

Garagiste par passion ou en attendant de trouver mieux ?

Il se posait vraiment cette question car il voulait savoir si elle suivait le même parcourt que lui (même si le sien était un peu particulier, on ne pouvait pas se le cacher).

Pour ma part, je compte pas faire ça toute ma vie…

Il ne savait pas pourquoi il lui disait ça, car il n’avait pas l’habitude de se confier. Peut-être qu’elle le rappelait dans certaines manières. Peut-être qu’il aurait pu ressembler à ça (sans les cheveux longs et tout ce qui va avec bien sûr) sans toutes les complications imprévues de sa vie. C’est peut-être pour ça qu’il éprouvait un mélange de ressentiment et d’affection pour elle - le ressentiment prenant plus de place que l’affection au départ, il ne le cachait pas.

Enfin peut importe. Çela serait trop long à expliquer.

Être trop bavard ne mènerait à rien.

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