Étrange rencontre

Étrange rencontre

Winston Davis et Elisabeth

Twysden venait de partir. Je l'avais raccompagné au train, et comme à chaque fois, je sentais un énorme vide. Comme si chaque fois, il emportait un bout de moi avec lui. Et c'était la même chose depuis huit ans maintenant. Il me laissait seule au D6 pour partir vivre au D8 et continuer de me protéger, de me soigner. Son absence était de plus en plus difficile à supporter surtout quand je n'avais pas dit tout ce que j'avais à lui dire, fait ce que j'avais à faire avec lui. Un week end c'était trop court.

Il ne se rendait pas compte de ce que ça provoquer en moi. Parce qu'il ne le voyait jamais. Je passais la semaine à dormir dans les draps qu'il avait marqué de son odeur, je les changeais que quand je ne le sentais plus. C'était comme si il était encore un peu là, le soir avec moi, qu'il berçait mes rêves et continuait à chasser mes cauchemars. Quand il partait, je ne pouvais pas rester à la maison, je croulais sous le travail. Parce que la maison vide de lui était plus insupportable que l'hôpital ou les rues des quartiers pauvres remplis de drogués.

C'était d'ailleurs là que j'étais en train de me rendre. Il fallait que je me remplisse de son départ. Il fallait que je m'active. Je devais bouger, agir. Je devais pas une nouvelle fois m'affaler dans le canapé du salon et pleurait jusqu'à m'endormir. Il reviendra. N'est-ce pas ? Il reviendra le mois prochain ? Je l'avais trouvé étrange, mais je me faisais peut-être des idées.

Je décidais de m'arrêter quelques secondes à l'hôpital, comme j'en avais l'habitude pour emprunter du matériel. C'est vrai que dans mon cas, ne pas rendre ce que j'avais pris devrait être qualifié de vol, mais je ne pouvais pas me l'avouer. Pas quand on avait un frère Pacificateur. Et puis, piquer quelques seringues, des pansements et de l'alcool c'était pas vraiment du vol hein ? Parce qu'en fait je continuais dans la rue ce que je faisais à l'hôpital : je venais aux besoins des gens. Et j'évitais de remplir les lits des centres de soins comme ça.

J'étais vraiment persuadée de servir le Capitole plutôt que d'allait à son encontre. Même si j'aidais des pauvres et des drogués... Je pouvais au moins me regarder dans le miroir tous les soirs avant de dormir. Et puis, c'était une partie de ma vie dont Twsy n'avait aucune idée. C'était mon refuge quand il partait. Une partie de ma vie où il n'existait pas, où je me protégeais de lui. J'avais commencé à faire ça à 15 ans, après son deuxième ou troisième départs pour le D8, et ça marchait plutôt bien. Je tenais grâce à ça. Je remplissais ce vide qu'il laissait toujours. Je me nourrissais des autres.

J'avais pris un bon lot dans les stocks et j'étais sortie sans problème. J'étais vraiment appréciée à l'hôpital et personne ne disait jamais rien. La majorité des personnes ne savaient pas ce que je faisais. Mais d'autres le voyaient et ne disaient rien. Soit ils pensaient que c'était pour moi, à cause de ma maladie. Soit ils savaient ce que je faisais avec et ils cautionnaient mes actions. Dans les deux cas, je m'en accommodais très bien, sans aucune culpabilité. Oui bon, je mentais sur ce point là. Mais le trou béant de Twys m’empêchait de m’apitoyer sur mon sort.

Je marchais maintenant dans les rues, me faisant de plus en plus discrète. Et je me faufilais vers les quartiers les plus pauvres. Les coins malfamés. Je n'avais pas vraiment peur, j'étais connue ici. Et ma réputation était bienveillante, j'étais celle qui leur portait des nécessaires de soins, de quoi se piquer proprement. Je pansais les enfants, apportais parfois quand j'en avais deux ou trois médicaments. Je risquais presque rien, du moins, il ne m'était jamais trop rien arrivé depuis huit ans. J'avais eu quelques frayeurs, parfois, mais j'avais aussi fais de belles rencontres. Comme ma Indis...

"Crevards ! Qu'est-ce que tu fais là ?"

Des bruits de lutte et des cris étouffés attirèrent mon attention. Je me raidis. C'était quoi ? Encore une bagarre ? Il valait mieux que je ne m'en mêle pas. Que je continue mon chemin, l'air de rien. Je ne pouvais pas risquer de me mêler de ça, sans risquait un coup de couteau ou j'en sais rien... J'avais retenu les leçons de la dernière bagarre dans le quartier. Heureusement j'avais été "sauvé" par l'arrivée des Pacificateurs. Et je dois la chance de ne pas avoir été embarqué par le fait qu'un des gardiens était un ancien collègue à Twys. D'ailleurs il ne lui a jamais rien dit, où bien alors Twys avait bien changé...car il m'en avait jamais parlé, ce qui était bizarre venant de lui.

Pourtant, j'avais l'impression que ce n'était pas une dispute ordinaire entre dealers... Il y avait un truc. Je décidais de m'avancer. Ils étaient trois, deux contre un. Le gars qui avaient l'air en mauvaise posture ne me disait rien. Jamais vu par ici. Je ne connaissais pas tout le monde, mais il n'avait ni la tête d'un drogué, ni d'un pauvre, ni même d'un dealer... Qui était-ce ?

"Qu'est-ce qui se passe ici ?"

ELI ! Bon sang mais ferme ta bouche ! Je me redressais au moment même où j'avais osé parler. J'étais en train de me mêler de ce qui ne me regardait pas.

FICHE PAR DITA | EPICODE