Compétition saine ou rivalité mortelle ?

Compétition saine...?

Flash-back – quelques mois avant l’expiation

Je n’étais pas particulièrement friande de ce genre de sortie. Je trouvais les districts deux et quatre bien moins sélectifs que le mien en ce qui concernait les carrières, et bien moins sérieux. Il fallait cependant admettre qu’au cours des années, ces districts avaient déjà su fournir des concurrents de taille dans les jeux, mais pour autant que je m’en souvienne, j’avais toujours eu l’impression qu’ils étaient surtout formé à combattre et qu’ils manquaient cruellement de stratégie. C’est pourquoi quand nos coachs nous ont annoncé qu’on partait en voyage au district deux pour ce qu’ils appelaient « une compétition saine », j’ai avec beaucoup de subtilité signalé mon mécontentement.

◄ CHANNELLE ►
« Je serais malade coach. »

J’avais simulé avec le talent des plus grandes actrices du Capitole une toux soudaine. J’ironise bien sûr.

◄ CHANNELLE ►
« Je sens bien que je couve quelque chose. »

Et j’avais annoncé à Nate, Pearl et mes autres collègues que faire la cuisine à la maison me servirait davantage dans l’arène que de m’entrainer avec ces bon-à-riens du deux. Mais mon coach m’avait repris.

◄ COACH ►
« Pas de favoritisme Featherstone, le fait que ta sœur et ton frère soient mentor et coach ne t’accorde pas de traitement de faveur. Si tu n’es pas là demain à l’aube, je viendrais moi-même te tirer hors de ton lit, c’est bien clair ? »

J’avais pesté, mais je savais très bien ce que mon frère penserait si cela revenait à ses oreilles que j’avais séché un entrainement sous prétexte que je me croyais trop bien pour ça. Et il n’y avait personne à Panem que je craignais et respectais à la fois davantage que mon grand-frère bien aimé. C’est ainsi qu’au matin, j’étais avec les autres carrières prête à monter dans le train. Le chemin était assez rapide, mais je n’étais pas pressée … Le paysage qui défilait derrière les vitres captivait l’attention de la plupart des autres, mais pas la mienne … J’étais bien trop pragmatique pour m’attarder sur des détails comme le paysage, bien que curieuse de nature. Je songeais déjà à cette matinée et aux potentiels adversaires que j’avais pu repéré à notre dernière rencontre dans mon district … Mais ma mémoire me faisait défaut ; rien ne venait.

Après descente du train, nous nous étions dirigés vers le point de rendez-vous. Quoique je pense des autres districts en comparaison avec le mien, j’étais forcé d’avouer que l’architecture du deux dépassait de loin ce que nous avions au un. Notre coach pris un instant pour nous désigner le bâtiment le plus important du district : la Noix, centre de formation des pacificateurs et centre d’armement du Capitole. Aussi blasé qu’on puisse être, je devais confesser être impressionnée … Mon cœur battait la chamade rien qu’à regarder le bâtiment et à m’imaginer les entrainements hautement plus développer que le notre qu’il devait y avoir là-dedans, et les armes dont ils devaient disposer. Dans l’éventualité très mince où on ne me donnerait jamais l’opportunité de gagner les jeux, c’était une carrière qui pourrait clairement m’intéresser ; soldat du Capitole. Mais pour l’instant, il ne fallait pas se déconcentrer : les Hunger games devaient rester ma priorité absolue.

Ce n’est qu’en voyant les recrues du district 2 que les carrières me revinrent en mémoire. Un ou deux garçons avec une grosse force de frappe mais aucun esprit stratégique. Une ou deux jeunes femmes stratège avec des armes mais sans vrai talent pour le combat à main nue … Il y avait visiblement aussi de nouveaux visages, plus jeunes, depuis l’année dernière. Mais la même chose était vraie aussi dans nos rangs …

◄ COACH ►
« Mettez-vous par deux, on va commencer par de petits matchs amicaux. »

C’était un coach de ce district qui venait de prendre la parole. « Amicaux » … Bien sûr. Déjà entre nous au centre, on ne pouvait pas parler de combats amicaux même si il était rare que l’un de nous ne se blesse … Mais chaque victoire nous rapprochait un peu plus du « Graal » : être choisi pour se porter volontaire ; il n’y avait donc pas « d’amitié » qui tienne. Mais les rencontres inter-districts étaient toujours plus violentes : c’était au district qui aurait le plus de victoires ; comme dans l’arène, on jouait pour l’honneur de son district. C’était immature et ridicule, mais c’était ainsi, tout le monde y prenait part moi y compris. Je pivotais autour de moi pour chercher un adversaire à ma taille lorsque mon dos heurta quelqu’un. Je pivotai.

Lilith. Comment ne pas me souvenir d’elle … Je me rappelai bien d’elle. Je l’avais sous-estimée la dernière fois ; après l’avoir vu échouer lamentablement à la course, et se faire laminée en corps à corps, j’avais eu à l’affronter en combat armé ; je ne m’étais pas méfiée, mais elle avait en réalité été une adversaire redoutable. C’était sa force. Mais ce n’était pas la vraie raison pour laquelle je me rappelais d’elle … Aguicheuse et avec une langue acérée, ce qui m’avait surtout frappé avait été que le coach du deux nous avait confondues. Je devais moi-même avouer que la ressemblance était frappante … Sinon dérangeante. Autant physiquement qu’au niveau de l’attitude. Aussi, dès que je la vis, mon regard s’illumina d’une lueur de défi qui, sans grande surprise, se refléta également dans son regard.

◄ CHANNELLE ►
« Qu’en dis-tu Lilith ? Un petit combat « amical » pour voir si tu t’es améliorée depuis la dernière fois ? »

Un ton un peu piquant tel que je ne pouvais m’en empêcher et un large sourire lorsque j’avais prononcé le terme « amical » … Si elle me l’avait proposé, je n’aurais jamais su refuser, l’orgueil étant sans aucun doute mon plus gros défaut. Nous allions voir à quel point la ressemblance était réelle au niveau de notre caractère …