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 Au coeur des souvenirs

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Sélène J. Featherstone
Sélène J. Featherstone
« Administratrice »
★ Âge : 29 ans
★ Occupation : Mentor
★ Plat préféré : Foie gras
☆District : Un

○ Points : 937
○ Barre de vie :
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May the odds be ever in your favor
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Au coeur des souvenirs Vide
MessageSujet: Au coeur des souvenirs   Au coeur des souvenirs EmptyDim 13 Déc - 0:37


Au cœur des souvenirs



"Une blessure qui jamais ne guérit"


La nuit avait été sombre, obscure, irréelle. Comme bien des nuits passées au Capitole, loin de la douceur de mon district, la vie y avait été agitée, étrange, inquiétante. Les masques dansaient encore dans mes songes. Ils s'entrelaçaient, découvrant tantôt, dissimulant souvent... Dans leur valse folle, ils emportaient mes certitudes, mettant à jour mes pires craintes, mes plus beaux espoirs aussi. Ils tournoyaient encore et toujours, quand dans l'ombre une main ferme et solide m'attira...

Pourtant, mes paupières s'entrouvrirent bientôt, embrumées par des souvenirs qui me semblaient venus d'ailleurs, d'un monde que je n'osais connaître. Un clignement, puis un second. La clarté d'une nouvelle journée filtrait à travers les rideaux à peine tirés. Leur voilage fin était parcouru de nuances irisées, les rayons du soleil caressaient la peau nue de mes épaules, réchauffant mon âme et l'éveillant en douceur dans cette ville de malheurs. Je rêvai un instant de fermer les yeux à nouveau, d'éviter que mes pupilles ne se posent sur la laideur du Capitole et des oiseaux qui y piaillaient sans cesse. Seulement, on ne pouvait effacer d’un battement de cils toute la souffrance de ce monde. Le Mal y était enraciné, il nous dévorait tous peu à peu, nous transformait, nous mettait à l’épreuve.

Je m’étirai tel un chat, griffant les oreillers de mes ongles manucurés par mon styliste fantasque. Mes muscles se tendirent, puis se relâchèrent. J’aurais presque pu me sentir détendue et pourtant… Les événements de la nuit me hantaient, me désarçonnaient. Un soupir m’échappa, léger presque inaudible. J’avais besoin d’oublier quelques instants, de reprendre ma vie là où je l’avais laissée : j’étais une mentor au Capitole, c’était bien assez informations à gérer sans pour autant compliquer mon existence, du moins c’est ce que j’aimais à croire. Oublier était peut-être la meilleure solution, même si cela était désormais impossible. Je m’extirpai des draps qui glissèrent sur mon corps svelte couvert seulement d’une nuisette de soie noire. Bientôt ce fut l’eau qui roula sur ma peau, tentant elle aussi de me débarrasser de mes pensées fugaces mais au combien complexes, elle n’y parvînt pas.

C’est ainsi dans un peignoir d’une douceur sans pareille que je me retrouvai bientôt à errer dans la suite dédiée au District Un. L’immense table de verre, ornée à chacun de ses pieds des plus belles pierreries issus de notre district resplendissait, les fauteuils de velours rouges entouraient le canapé tous trois dirigés vers un écran numérique qui trônait au centre de la pièce, juste devant la large baie vitrée de la suite. Je déambulai sans réelle envie, ma main attrapa une pomme dans la corbeille au design métallique. Je jouais avec cette balle improvisée un moment, la faisant rouler dans mes paumes comme tournoyaient mes réflexions incessantes quand mon regard croisa la fatidique horloge.

- Et merde…

Venue d’une femme distinguée d’un district privilégié, cet abus de langage m’aurait sans doute valu bien des assauts désapprobateurs en public, dans les hautes sphères mondaines du Capitole. Sauf peut-être avec M. McFinigan… Celui-là même qui tenait sous sa coupe la vie de mes tributs. Tout comme M. Hampton… Ces Juges… Jamais à court de surprises.

- Voir le récapitulatif des Jeux ! lançai-je en direction de l’écran numérique qui émit immédiatement sa lueur holographique pour afficher l’émission au centre du salon.
Espérais-je seulement qu’apercevoir la rage dans le regard de mes tributs pourraient me faire oublier, effacer les pensées contraires qui hantaient mon esprit suite à cette soirée ? Un soupir franchit mes lèvres, après tout j’étais ici pour être une mentor et je me devais de savoir ce qu’il se passait dans l’arène même si cela n’offrait à mon esprit qu’un répit transitoire.

L’écran s’afficha bientôt, les tributs étaient tous dans des lieux bien différents. Comprendre la logique des Juges concernant ce piège, annoncé en direct à la soirée des sponsors la veille, n’était pas une mince affaire. Habituellement, la tendance était davantage au rassemblement des légions dans l’espoir de reproduire un bain de sang efficace : nous n’étions certes qu’au troisième jour des festivités et de trop grandes pertes auraient gâché l’appétit de sang du public mais autant d’éloignement me laissait perplexe. D’une voix claire, je demandai à l’engin numérique de me diffuser le récapitulatif matinal de Selena Blewstone, sa crinière platine apparut bientôt à l’écran tandis que des lunettes papillon d’un bleu électrique couvraient ses yeux, sans doute pour cacher les frasques de la soirée de la veille.

Notre tant aimée présentatrice rappela brièvement la rencontre des nouveaux duos et je fus à nouveau partiellement soulagée des tributs dont les miens avaient hérité : certes Nathanaël devrait composer avec cette fille qui semblait semer le malheur autour d’elle mais Pearl était avec un autre carrière. Même si ce Nikolay avait trahi l’alliance sacro-sainte de nos districts supérieurs, il n’avait rien fait de pire que moi comme lorsque j’avais assassiné le garçon de mon district dès les premières minutes de mon édition. Chacun ses choix et les miens s’étaient révélés payants, peut-être cette redistribution des chances permettrait-elle à Pearl de montrer enfin le meilleur d’elle-même.

Un pincement au cœur me saisit lorsqu’elle évoqua Cassandra, mon amie qui se retrouvait désormais liée de destin avec un enfant d’à peine treize ans qui, jusqu’à présent, n’avait compté que sur son mentor pour garantir sa survie. C’était déjà un miracle s’il était arrivé à elle en un morceau. L’inquiétude que j’éprouvais pour elle était sincère, Cassandra était une des rares mentors avec qui je pouvais avoir une conversation sans qu’elle ne m’envoie au visage le « caractère favorisé » de mon précieux district. Elle savait toujours quoi dire, à quel moment et comment s’y prendre pour me faire entendre même ce que je ne voulais pas comprendre. C’était une amie, une vraie et elle allait mourir si je voulais qu’au moins un de mes tributs s’en sortent… Mes larmes coulaient déjà sur mes joues mais il fallait que je ravale cette émotion pour me concentrer sur mes tributs qui revenaient à l’écran.

Les films continuaient à filer sur l'écran... La découverte de la boîte des Juges, le choix qui leur était offert de se séparer ou non également. Je retins mon souffle en visionnant la scène durant laquelle Pearl dut prendre la décision fatidique. Instinctivement, je m'étais rapprochée du canapé et m'y étais installée en m’emmitouflant dans une couverture pourpre. Il fallait qu'elle soit forte, qu'elle choisisse en âme et conscience : si elle restait lié à lui, elle devait être certaine que cela ne se retournerait pas contre elle. Au fond, cela serait aussi un aveu de faiblesse pour les sponsors qui croiraient que sa tribute avait choisi la voie de la facilité après n'avoir pas été capable d'achever Savinna. Personne n'avait oublié cet épisode au Capitole, tantôt navré, tantôt rieur, tantôt ému, la conclusion était pourtant la même sur toutes les lèvres : elle n'avait pas exprimé son potentiel et se laissait porter par les événements. Lasse, un soupir franchit mes lèvres lorsque je compris qu'ils resteraient ensemble... Attendre était désormais la seule chose que je pourrais faire afin de savoir si elle avait eu raison.

Puis l'écran s'assombrit avant de passer sur une scène bien particulière... Nathanaël y discutait avec sa nouvelle co-tribut : Amy, une fille à laquelle j'avais porté peu d'attention jusqu'à maintenant tant elle me paraissait insignifiante. Malgré cela, malgré sa force et la facilité déconcertante qu'il aurait eu à la maintenir pour effectuer la besogne demandée par les Juges et qui était la seule solution viable pour sa survie, il était en train de lui proposer de lui arracher des dents pour peser suffisamment sur la balance. Il était en train de se sacrifier pour elle. Mes joues s'empourprèrent et un sifflement de vipère s'échappa entre mes dents serrées. A quoi jouait-il ? Voulait-il passer pour un peureux, comme Pearl qui était en train de décevoir tous mes espoirs ?

Pourtant, l'instant d'après, je compris. Nathanaël regardait Amy avec ce regard perçant et plein de tendresse que je m'étais toujours étonnée de ne jamais le voir porter sur Channelle, alors même qu'elle l'avait présenté comme son petit-ami. Il semblait veiller sur elle, la protéger. Tout dans son attitude rassurante, ses gestes lents et doux, semblait indiquer qu'il tenait à elle. Et Amy lui rendait ses sourires, même sur la réserve, elle parvenait à trahir ce sentiment qui l'animait. Mes mains s'étaient crispés sur la couverture, la froissant dans une angoisse interne. De vieux souvenirs refaisaient surface, lorsqu'on avait vécu une arène, on pouvait savoir exactement ce qui se jouait à cet instant précis où l'intensité dans leur regard trahissait toute la passion qui était en train d'éclore entre eux. Beaucoup auraient ri, crié à une histoire inventée de toutes pièces, mais ceux-là n'avaient jamais posé un pied dans l'arène. Ceux-là ne savaient pas que lorsqu'on savait nos heures peut-être comptées, tous nos sens étaient exacerbés, les couleurs nous semblaient plus vives, notre vie si lointaine et l'autre qui nous comprenait tellement réel. Nos sentiments étaient plus profonds et, à fleur de peau, il était tellement facile de céder.

Elle était d'un district intermédiaires, comme Maël à une époque.

Il s'approcha d'elle soudainement, je me redressai sans m'en rendre compte, laissant échapper dans un souffle :

- Ne fais pas ça...

Je pleurais désormais. Je savais exactement les images qu'allait diffuser la caméra qui les lorgnait avec cette précision stupide. Elle était ingrate et froide, elle filmait sans saisir réellement ce qui se jouait. Pour eux derrière leurs écrans, ce n'était qu'un jeu. Pour Nate et Amy, c'était tellement plus... Leurs lèvres se touchèrent, ils venaient de se condamner.

Je me levai, hagarde. Je ne regardais plus l'écran. Les images qui défilaient devant moi étaient celle d'une autre époque, une époque où j'avais vu la même étincelle que celle de Nate dans "son" regard. Moi aussi j'avais hésité à lui rendre son baiser, puis comme Amy j'avais cédé. Je m'étais abandonné à ce répit qu'il m'offrait dans ses bras si enveloppants. L'amour était la seule chose qui pouvait nous éviter de devenir un monstre là-bas, c'était le seul. C'était aussi le seul qui pouvait nous briser définitivement.

- Comment a-t-il osé lui faire ça ?!!! hurlai-je dans ma suite.

Ma marche sans but dans la salle principale de nos appartements du District Un était nerveuse, un vase passa à portée de ma main qui l'envoya voler contre le sol. Le bruit du verre qui se brise me rappela le son des lames qui s'entrechoquaient. Mes derniers alliés avaient failli me tuer ainsi, le tuer. Mais finalement, le Capitole, les Juges... Ils nous forçaient toujours à renoncer. Ils laissaient agir la tension de l'arène pour prendre ce qu'il y avait de plus beau en nous. Nate n'avait pas le droit. Amy n'avait pas le droit. Ils se blessaient sans le savoir, une plaie qui jamais ne guérirait.

Et moi j'étais là, dans cette pièce aseptisée... Je ne pouvais rien faire pour les aider, je ne pouvais rien faire pour leur dire à quel point ils étaient inconscients de l'importance de leur geste. J'agrippai violemment la nappe de la table où j'avais tant discuté stratégie avec Nate et Pearl et où étaient posés trois couverts, comme s'ils allaient revenir... Plutôt que de parler d'armes, j'aurais dû leur parler de cette souffrance : celle qui ne se voit pas, celle qu'on garde au plus profond de son être et qui finit par nous dévorer. Cette souffrance qui sait qu'on a perdu tout ce dont on pouvait rêver.

Sur le sol autour de moi étaient éparpillés des bris de verre et de porcelaine fine, je m'y laissai tomber sans même chercher à ne pas me blesser... Après tout, je l'étais déjà suffisamment. Eux aussi, même s'ils ne s'en rendaient pas encore compte.

- Pardon Nate... murmurai-je à mi-voix. J'aurais dû te dire que la pire des blessures serait celle que tu t'infligerais parce que tu es humain...

Je me recroquevillais sur moi-même, le visage de Maël souriant comme celui de Nate derrière mes paupières closes d'où coulaient des larmes de cristal...



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