Résumé de l’oeuvre
/ SourceEnviron un an après l’accession au trône de Caligula, le décès de Drusilla, soeur et amante de Caligula l’affecte particulièrement. Il disparaît 3 jours sans avertir quiconque. A son retour il constate que « les hommes meurent et ne sont pas heureux » . Cette prise de conscience de l’absurdité du monde en contradiction avec son aspiration au bonheur et plus largement à l’absolu et au pouvoir sur le monde l’amènent à imposer à son entourage politique et au peuple une dictature aussi démentielle que sanglante. Il croit y trouver à la fois l’absolu de la toute puissance et la liberté. Il se voit l’égal des dieux .
Les principales manifestations de cette démence sanguinaire sont :
- La décision de tuer les patriciens (ou sénateurs) les plus riches afin de prendre possession de leurs biens
- l’organisation de la famine du peuple pour illustrer son pouvoir absolu de l’affamer ou de le nourrir selon sa fantaisie.
- l’humiliation et le meurtre de membres du Sénat et de bien d’autres victimes coupables ou non, cela n’a pas d’importance (au besoin, on exécute le bourreau). [cf M. Flecto]
- l’organisation de spectacles grotesques
- théâtre dans le théâtre
- la reconstitution de l’Olympe avec apparition de Caligula costumé en Vénus
- Concours de poésie,
Ce comportement bouleverse totalement les valeurs de la société romaine, en particulier sa négation iconoclaste, c’est le cas de le dire, des Dieux qui l’amène par exemple à remplacer sur les statues qui les célèbrent leur tête par la sienne. Il crée un désordre spectaculaire inacceptable de la part des notables (les patriciens sénateurs et les intellectuels). Il anéantit l’ordre social et introduit l’anarchie. C’est l’origine du complot qui lui sera fatal dont il est parfaitement informé mais qu’il ne cherchera pas le moins du monde à entraver, suicide accepté dans la droite ligne des premières pages du « Mythe de Sisyphe ».
Ses dernières paroles sous les coups de ses meurtriers sont : » Je suis encore vivant » , qui devaient précéder un épilogue finalement abandonné qu’il mentionne dans ses carnets en faisant ré-apparaître Caligula devant le rideau pour dire : « Non, Caligula n’est pas mort. Il est là, et là. Il est en chacun de vous. Si le pouvoir vous était donné, si vous aviez du coeur, si vous aimiez la vie, vous le verriez se déchaîner, ce monstre ou cet ange que vous portez en vous. Notre époque meurt d’avoir cru aux valeurs et que les choses pouvaient être belles et cesser d’être absurdes. Adieu, je rentre dans l’histoire où me tiennent enfermé depuis si longtemps ceux qui craignent de trop aimer. »
Ces paroles en disent long sur l’ambiguïté de cet amour de la vie, qui caractérise particulièrement la personne de Camus, amour de la vie qui peut faire se déchaîner, mis sur un même plan, le monstre ou l’ange ! Amour ou du moins fascination de la mort « Quand je ne tue pas, je me sens seul. »
Dans la préface Pierre-Louis Rey critique l’absence de progression dramatique, aucun des personnages ne modifiant son comportement au cours de la pièce, ce qui n’est pas le cas des « Justes » par exemple. Plutôt que d’une pièce de théâtre ce texte ne représente-t-il pas simplement l’évocation et l’analyse d’un personnage métaphysique ? Fallait il écrire une pièce pour cela ?
Les relations qu’il vit avec ses proches éclairent une personnalité complexe qui ne se réduit ni à sa démence ni à sa cruauté. Ce sont : son confident Hélicon ancien esclave affranchi par Caligula qui, le protégera jusqu’à la fin, sa maîtresse Cæsonia qui lui est soumise jusqu’à accepter la mort de ses mains. Scipion, jeune poète dont Caligula a tué le père, qui communie un moment avec lui dans l’exercice de la poésie.