J’avais fait mes adieux à mes parents. Ils étaient tous les deux très malheureux de me voir partir, et pleuraient. J’avais pleuré moi aussi, vous pensez bien. J’allais mourir, j’en étais persuadée. Selena avait dit qu’on pouvait tous gagner, moi, Cassandra notre terrible mentor qui pourrait vraiment faire des ravages dans l’arène, et puis Shélim, qui me semblait vraiment fort. Mais il fallait que je vois la vérité en face … Ils ne pourraient rien faire pour moi. J’étais trop jeune et trop fragile, et s’ils essayaient de m’aider un temps, ils finiraient eux aussi par en venir à la même conclusion que moi et à me laisser en pâture aux carrières pour protéger leur propre vie …

Les pacificateurs m’avaient escortés jusqu’au train et c’était très impressionnant. Je n’avais jamais rien vu d’aussi magnifique et j’avais fait trois fois le tour du wagon pour garder en tête toutes ces jolies choses … Les larmes commencèrent à perler sur mes joues lorsque je réalisai que jamais je ne pourrais parler de tout cela à mes parents et à mes frères et sœurs. J’entendis alors que Shélim était entré dans le wagon et je pivotai vers lui avant de lui offrir un sourire, du moins le mieux que je pouvais faire à ce moment-là.

« Bonjour … Enfin non, je suppose que c’est une chose très bête à dire  à quelqu’un qui vient d’être moissonné … Enchantée en tout cas de te rencontrer même si les circonstances ne sont pas terribles … Je suppose que la chance n’a pas été de notre côté. Moi c’est Billie. Et toi Shélim c’est ça ? Il semblerait qu’on soit amené à être partenaire dans l’arène … »

Je désignai du doigt la télévision en face et le canapé.

« Visiblement notre mentor n’est pas encore là. Quelle chance on a qu’elle nous accompagne ! Dis, j’allais m’installer sur ce canapé pour regarder la rediffusion des moissons des autres districts pour jauger un peu la compétition … Ca te dis qu’on les commente ensemble ? Je ne sais pas trop comment ça fonctionne mais ça pourrait nous aider à commencer à établir une stratégie, voir lesquels pourraient faire de potentiels alliés, tout ça … »

Je le fixai avec un air interrogateur. En réalité, je n’y connaissais rien. Je ne savais rien, pas même s’il avait envie de parler avec moi, d’être avec moi … Peut-être avait-il envie d’être seul et que je le laisse tranquille … Pour ma part j’avais besoin de m’occuper l’esprit sans quoi j’allais m’effondrer …