On se comprend ...

Mia & Melvil

Mia était dans un wagon, un peu plus loin. Cette pensée suffisait à me rendre le trajet un peu moins insupportable … J’avais vu mes tributs peu avant. C’était toujours un passage difficile, car je savais comment j’étais : je ne pouvais pas m’empêcher de m’y attacher … Même si je savais pertinemment que je ne pourrais presque rien faire pour les sauver. Cette année, je ferais encore de mon mieux mais il fallait avouer que ça n’était pas gagné …

Après notre entrevue, j’avais pris la direction des wagons du onze. J’avais hâte de voir Mia, pour de très nombreuses raisons. La première est que j’avais envie de voir un mentor … Depuis l’annonce de la seconde règle, j’avais eu envie d’en parler avec elle, de partager mes théories, mes craintes aussi, qui se réunissaient derrière le « sceller le destin d’un tribut ». J’avais envie de confronter nos idées … Et puis, j’avais envie de savoir ce qu’elle pensait de ses tributs même si, comme moi, elle était dans ce train depuis plusieurs années. Il faut dire que gagner les jeux dans les districts pauvres, c’était tout de même très très rare. Il fallait un tribut qui crée la surprise, souvent un plus âgé, plus fort ou plus rapide, parfois plus ingénieux … Et puis il lui fallait aussi beaucoup de chance, car si les alliances proliféraient du côté des carrières, dans les autres districts ça n’était presque jamais le cas.

Mais je ne cherchais pas n’importe quel mentor, non … Je cherchais Mia. Parce qu’elle et moi partagions bien plus que notre rôle dans les jeux. Elle était après tout celle qui m’avait fait rentrer dans les rebelles, celle qui m’avait donné un but dans la vie. Elle était un peu « ma » mentor et si je savais sa vie bien compliquée, elle avait une petite famille, et surtout une adorable petite fille. Je savais que la quitter, même le temps des jeux, lui coutait énormément, et j’essayais de mon mieux d’en détourner son esprit le temps que je le pouvais.

On avait parlé de l’expiation elle et moi lors de notre dernière mission en commun, et je savais qu’elle avait évité ce qu’elle craignait le plus : qu’on envoie les proches des mentors dans l’arène. Ca serait déjà un sujet de réjouissance aujourd’hui. Je progressais dans les wagons lorsqu’entre deux carreaux, j’aperçu ses traits familiers. Je m’avançais vers elle en souriant tant bien que mal, lorsque finalement on se retrouva dans le même wagon. J’ouvris mes bras pour la prendre contre moi.

« Hey Standford ! »

Je l’étreignis quelques secondes avant de la relâcher. Avant de me reculer, je lui glissai à l’oreille afin que les micros ne puissent pas entendre :

« Je suis heureux qu’Aoline ait été épargnée … »

Mia et moi nous comprenions à ce sujet. J’avais moi-même perdu ma jeune sœur, sujet dont je ne supportais pas de parler. Mais elle savait que je portais toujours le deuil de ma sœur même tant d’années après, même derrière mes visages les plus joueurs et mes regards les plus enjoués. C’était après ce drame qu’elle m’avait montré la voie, et elle savait pertinemment que la première personne à laquelle je pensais à demander lorsque je la voyais, c’était sa fille.

Je m’avançais vers la table qui trônait en plein milieu et me servis un verre de son vin. Par la même occasion, je la servis également. Je jetai un œil à la pièce et la taquinait sur tout ce luxe auquel même nous mentors n’étions pas habitués, pas dans nos districts en tout cas.

« J’ai l’impression que ton wagon est plus grand que le mien … Tu crois qu’ils s’allongent en fonction de la richesse ? »

Je m’avançai vers elle et lui tandis son verre.

« Alors Mia … T’as rencontré tes tributs ? De quoi ont-ils l’air, tu penses pouvoir nous fournir un gagnant cette année ? »

Après la Moisson, je ne cessais de revoir les yeux de ces enfants que j’avais condamnés à une mort quasi-certaine par ma seule décision. J’aurais déjà dû m’entretenir avec eux… Aux lieux de cela, j’errais dans les wagons du 11. Que cherchais-je donc en agissant ainsi ? Sincèrement, je ne me sentais pas la force nécessaire pour affronter leurs regards, ni d’assumer pleinement les conséquences futurs de mon choix. Je fuyais mes responsabilités tout en ayant conscience de ne pas pouvoir y échapper indéfiniment. Je ne faisais que retarder l’échéance. Pitoyable…

Une pause… j’avais besoin d’une pause pour mettre de l’ordre dans mes pensées et faire le point sur la situation. Je finis donc par m’arrêter dans un wagon et commanda une bouteille de vin sans savoir précisément ce que j’avais en tête. Était-ce le besoin d’un petit remontant pour se donner du courage ? Ou l’envie de se noyer dans l’alcool ? Aucune idée.

Le doute s’était immiscer dans mon esprit et n’avait de cesse de me tourmenter. Qu’ai-je donc fais ? Était-ce vraiment la meilleure chose à faire ? Pourtant, lors de l’annonce de l’Expiation, il était clairement hors de question que je retourne dans l’enfer de l’arène. Hors de question que je tue des gosses pour sauver encore une fois ma propre vie. La perspective de mourir là-bas m’insupportait autant que celle d’en ressortir vivante et complètement folle. Benjamin m’avait fait promettre de ne pas y retourner, chose que je fis sans trop de mal.

Puis… il y eu ce jour tant redouté de la Moisson. Là, je me rappelais que ma fille était aussi susceptible d’être tirée au sort que les autres. Lorsque le nom du tribut féminin fut annoncé, le soulagement et la honte m’envahissaient. Aurais-je été capable d’y retourner si ma petite Aoline avait été choisie ? Je l’ignorais. « Je n’aurais pas à le faire » avais-je songé égoïstement.

Le moment vint de me prononcer, sous les yeux de mon District. J’avais promené mon regard sur l’assemblée, cherchant un regard, un visage familier pour me donner le courage d’annoncer ma décision. La présence de mes tributs faisait fléchir ma détermination. Ils étaient si jeunes. Instinctivement, je voulais les protéger. Mais en voyant ma fille avec les autres, je pris conscience que l’idée de voir ma fille mourir sans pouvoir rien faire était intolérable. J’y serais retournée pour elle, promesse ou non. Mais pas pour ces pauvres enfants que le sort venait de tirer...

-Je suis désolée mais ... Ma petite fille est trop jeune pour que je prenne le risque de la priver de sa mère. J'aiderais au mieux mes tributs de l'extérieur comme je l'ai toujours fait. J'espère que mon district comprendra ...
M’entendais-je encore dire.

L’annonce de la seconde règle m’avait ébranlée. J’aurais pu tenter de les sauver tous les deux en y allant ! Aux lieux de ça j’allais devoir… je me mordis la lèvre. Ne pas y penser, ne plus y penser. Sauf que je ne pouvais m’empêcher de ruminer de sombres pensées.

En levant les yeux de ma bouteille pas encore entamée, je vis un visage qui m’était bien familier. Melvil !

Il venait à ma rencontre, souriant tant bien que mal. Peut-être qu’inconsciemment, le besoin de le voir m’avait conduit dans ce wagon. Nous partagions bien plus que le fardeau de mentors.
« Hey Standford ! »
Il m’étreignit, en profitant pour glisser :
« Je suis heureux qu’Aoline ait été épargnée … »
-Moi aussi, heureuse de te voir. Répondis-je
Il versait le vin laissé plus tôt sur la table,
« J’ai l’impression que ton wagon est plus grand que le mien … Tu crois qu’ils s’allongent en fonction de la richesse ? »

- Qui sait ? Rétorquais-je en prenant le verre qu’il me tendait, le remerciant d’un hochement de tête.
« Alors Mia … T’as rencontré tes tributs ? De quoi ont-ils l’air, tu penses pouvoir nous fournir un gagnant cette année ? »
Je baissais les yeux dans mon breuvage, honteuse.
- Non, pas encore. Lâchais-je, la gorge nouée.
Je n’en ai pas eu encore le courage… Pourtant, il va bien falloir que je le fasse.
- ça ne va pas être facile…
Leurs regards, les jeux de cette année.
-Ils sont si… si jeunes…
Je sentais les larmes me monter aux yeux sans pouvoir m’en empêcher. Je maudis intérieurement ma faiblesse. Les Jeux n'avaient pas encore commencés que je pleurais déja mes tributs!

Mia & Melvil

Alors que je lui demandais pour plaisanter si elle pensait avoir un tribut potentiellement gagnant, elle me répondit avec toute la sincérité du monde …

« Non, pas encore … Ca ne va pas être facile… Ils sont si… si jeunes … »

Je vis les larmes lui monter aux yeux et une larme rouler sur sa joue. Je secouais la tête avant d’effacer sa larme de mon pouce. Quelle idée idiote j’avais eu de plaisanter à ce sujet … Je savais que Mia était toujours très proche de ses tributs et que les jeux la touchaient toujours beaucoup. Evidemment, il en était de même pour nous tous. Moi-même, j’étais toujours affecté par la mort d’un tribut, bien plus que je ne le laissais paraitre, mais je prenais tout de même garde à ne pas trop m’y attacher.

« Hey, Mia … Allez, viens. »

Je l’attirais doucement dans mes bras avant de la serrer.

« Nous avons tous les deux de jeunes garçons dans nos équipes, mais tout n’est pas perdu … Regarde, les deux filles ont l’air débrouillardes ! Lucy m’a paru forte, je suis sûr qu’elle pourrait bien te surprendre, mmh ? »

Je la libérais et attrapai sa main pour la guider avec moi jusqu’au bar. Là, je nous servi un verre de bourbon. Il fallait quelque chose de fort, plus fort que ce que j’avais imaginé. Je lui tendis un verre plein, et l’accompagnais d’un sourire doux, un peu triste peut-être mais sincère.

« Vois le bon côté des choses ; Aoline est à l’abris, et toi aussi. Cette expiation bien que terrible aurait pu être bien pire … Allez tiens, prends ce verre … Cul sec. Le train ne va pas tarder à arriver et on aura besoin d’un petit remontant pour affronter les visages des Capitoliens aux vitres qui vont nous regarder comme des singes en cages … »

Je m’assis en face d’elle et descendis une bonne partie de mon verre.

« Tu sais, je n’aime pas tellement les jeux … »

J’avais mesuré mes paroles car le train était sur écoute, mais Mia pouvait lire derrières mes paroles ; elle savait que ce que je voulais dire, c’était que je les détestais plus que tout.

« … Mais les parties qui viennent sont quand même les meilleures. La présentation aux publics par les stylistes, l’entrainement, les interviews … C’est ce que j’aime le mieux. Je ne sais pas trop, mais c’est là qu’on est avec eux, là qu’on peut vraiment faire une différence, trouver leurs forces, essayer de cacher et d’améliorer leurs faiblesses, les montrer sous leur meilleur jour … C’est là qu’on peut réellement être là pour eux et faire pencher la chance de leur côté. C’est là qu’ils ont le plus besoin de nous. »

Je la fixai un instant, un sourire aux lèvres. Je n’aimais pas les jeux, ça non. Mais j’aimais avoir le droit d’être là pour aider les jeunes de mon district et les soutenir malgré tout. Ce que je n’aimais pas, c’était de devoir jouer un rôle au Capitole ; devoir serrer les mains des politiciens, faire risette aux journalistes, et bien sûr, toujours jouer la carte de la séduction avec les Capitoliennes car c’était ma « couverture » auprès des rebelles : j’étais toujours envoyé pour ce genre de mission « séduction » et je devais donner le change. Ca, je détestais. Mais je chassais ces idées et reportais mon attention sur Mia. Comme elle semblait avoir remarqué mon air absent, je me justifiai rapidement.

« On doit chasser toutes nos idées noires et être là à 100% pour nos tributs, le temps de quelques semaines … »

Je me levai et parcouru les quelques pas qui me séparaient de la fenêtre du train pour regarder le Capitole qui se rapprochais. Dans quelques minutes, nous y serions … On pouvait déjà distinguer les grands bâtiments qui pointaient leur nez au-dessus des arbres … Je soupirais doucement … J’aurais voulu rester dans ce wagon et ne pas avoir à en sortir pour les dix semaines à venir …

Les jeux étaient toujours difficiles à vivre. Mais le fait que ce soit une Expiation amplifiait tout. Nous n’étions encore qu’au tout début. Le pire restait à venir. Seulement, je ne me sentais pas le courage de l’affronter cette fois encore. Pas avec ces conditions. J’avais commis l’erreur de croire que la cruauté des Capitoliens étaient déjà à leurs maximum et ne pouvaient aller plus loin. L’énoncé de la dernière règle démontrait le contraire.

Il y a une chose de terrible auxquels tout mentor est confronté : le sentiment d’impuissance. Nos jeunes meurent sous nos yeux sans qu’on puisse faire quoi que ce soit. Après nous avoir donné en avant-gout de l’enfer dans l’arène, ils trouvaient encore moyens de nous empoisonner davantage la vie avec ce cadeau empoisonné : la possibilité de les aider, la possibilité de les sauver tous les deux. Et puis, comme pour nous rajouter un poids de plus sur la conscience, il y avait cette histoire de « sceller le destin d’un de ses deux tributs ». Et j’avais déjà ma petite idée la dessus… l’issue serait funeste à n’en pas douter.

Malgré mes efforts pour me retenir de pleurer, une larme s’échappa, glissant sur ma joue, coupable. Melvil essuya celle-ci, compréhensif.

« Hey, Mia … Allez, viens. »

Je me laissais aller dans son étreinte. Il comprenait. La mort de ses tributs le faisait souffrir plus que les apparences laissaient imaginer.

« Nous avons tous les deux de jeunes garçons dans nos équipes, mais tout n’est pas perdu … Regarde, les deux filles ont l’air débrouillardes ! Lucy m’a paru forte, je suis sûr qu’elle pourrait bien te surprendre, mmh ?

Je hochais la tête, pensive. Oui, elle semblait avoir le mental nécessaire. C’était déjà ça. Derek paraissait plus… vulnérable. Si l’un de mes tributs a des chances de survivre, il faut que je le soutienne au maximum. C’est terrible de penser ça mais je crains que Derek ne soit un fardeau pour Lucy s’ils restent ensembles. Lucy aura sans doute plus de chances de survivre si elle doit se préoccuper d’elle seule… Mais je me vois mal abandonner Derek pour m’occuper uniquement de Lucy...

J’allais replonger dans mes sombres pensées quand Melvil reprit :
« Vois le bon côté des choses ; Aoline est à l’abris, et toi aussi. Cette expiation bien que terrible aurait pu être bien pire … Allez tiens, prends ce verre … Cul sec. Le train ne va pas tarder à arriver et on aura besoin d’un petit remontant pour affronter les visages des Capitoliens aux vitres qui vont nous regarder comme des singes en cages … »

J’acquiesçais. Il a raison. Ma fille est à l’abri. Pour l’instant du moins. C’est ce que j’avais espéré, en tant que mère. Maintenant, il faut que je reprenne mon rôle de mentor, pour les tributs dont j’ai la charge. Sur cette pensée, j’avalais d’un long trait le contenu de mon verre. Il faut trouver le courage là où on peut quand la volonté nous fait défaut. Il ne faut pas que je me laisse aller.

« Tu sais, je n’aime pas tellement les jeux … »

Je hochais la tête, comprenant ce qu’il voulait dire par là. Ni les jeux, ni le Capitole d’ailleurs. C’est usant à la fin de devoir surveiller constamment ses paroles. Ici les micros, à la maison mon mari… Melvil est l’une des rares personnes avec qui je peux parler librement, me confier. A condition bien sûr qu’on ne soit pas mis sur écoute… Saleté de micros.

« … Mais les parties qui viennent sont quand même les meilleures. La présentation aux publics par les stylistes, l’entrainement, les interviews … C’est ce que j’aime le mieux. Je ne sais pas trop, mais c’est là qu’on est avec eux, là qu’on peut vraiment faire une différence, trouver leurs forces, essayer de cacher et d’améliorer leurs faiblesses, les montrer sous leur meilleur jour … C’est là qu’on peut réellement être là pour eux et faire pencher la chance de leur côté. C’est là qu’ils ont le plus besoin de nous…
On doit chasser toutes nos idées noires et être là à 100% pour nos tributs, le temps de quelques semaines … »

- Tu as raison. Ce n’est pas le moment d’être défaitiste. Finissais-je par lâcher en le rejoignant près de la vitre.

J’avais un devoir envers mes tributs et je ferais de mon mieux pour m’en acquitter, comme d’habitude. Il n’empêche que… l’énoncé de la deuxième règle m’inquiétait toujours autant. Il faut que je lui en parle avant qu’on arrive. Pour voir ce qu’il en pense.

- J’ai bien peur que la deuxième règle ne nous oblige d’une façon ou d’une autre à condamner à mort l’un de nos tributs. « Sceller le destin » semble définitif.

Sentencieux, horrible, définitif, morbide…. Autant de mots qu’on pourrait mettre à la suite… Je sentis ma gorge se nouer alors que je me préparais à continuer :

- Dans l’hypothèse ou deux tributs sans mentor survivent aux autres, je crains qu’il n’y ait qu’un seul vainqueur, autrement dit, l’un devra être sacrifié. Et bien sûr, le mentor aurait à choisir qui devra mourir ou non… De quelle manière, je ne sais pas.

Scénario très plausible malheureusement. Je voyais déjà ça gros comme une maison. Là on atteindrait le comble de l’horreur... A moins qu’on nous fasse entrez dans l’arène pour tuer de nos propres mains le malheureux tribut. Ou que l’on dise au tribut choisi de tuer l’autre…Ces perspectives étaient à glacer le sang, si bien que je n’eus pas le courage de les formuler. Pour un peu que ça leurs donnes des idées…

Mia & Melvil

« Tu as raison. Ce n’est pas le moment d’être défaitiste. »

Mia me rejoignit près de la vitre. J’étais content qu’elle soit là même si j’espérais que cette année l’un de nous pourrait sauver ses tributs. Bien que je trouve une forme de réconfort dans sa présence, je n’étais pas égoïste au point de vouloir que cela dure longtemps. Le plus tôt l’un de nous serait débarrassé de ce « travail », le mieux ce serait.

Mais alors que j’essayais vraiment de penser à autre chose et de me vider la tête, Mia me rappela à la dure réalité en abordant la deuxième règle. Je grimaçais. J’aurais aimé pouvoir l’apaiser mais la réalité et que j’étais aussi inquiet qu’elle. J’essayais toutefois de ne rien en montrer. Après tout, rien ne servait de se torturer avant de savoir de quoi il en retournait … Car j’étais sûr que la réalité était bien pire.

« J’ai bien peur que la deuxième règle ne nous oblige d’une façon ou d’une autre à condamner à mort l’un de nos tributs. « Sceller le destin » semble définitif. »

Je la fixai un instant avant de chercher une solution. La vérité et que j’avais moi-même tenté de me rassurer, sans gros succès, avec cette idée.

« Tu sais, je ne peux pas m’empêcher de me dire que « sceller » ne laisse pas beaucoup de place pour l’imagination. S’ils voulaient vraiment dire « tuer » nos tributs, j’ai le sentiment qu’ils s’en seraient caché pour laisser la surprise pour le dernier moment. Peut-être qu’il y a un sens caché … Et cette fois ci soyons sérieux, ça ne peut pas vraiment être pire, n’est-ce pas ? »

Elle me donna à son tour sa propre « idée » sur ce qui devait se passer. Rien que l’entendre à voix haute me donna des frissons. Je ne pouvais simplement pas m’imaginer faire cela. Et l’idée de devoir faire face aux parents du tribut « sacrifié » à mon retour me donnait froid dans le dos. D’un autre côté, cela nous ferait sans nul doute regretté de ne pas avoir été dans l’arène avec nos tributs, que ce soit pour les sauver ou pour y rester, et éviter les regards des gens de nos districts … Ce ressemblait bien au Capitole.

« Dans l’hypothèse ou deux tributs sans mentor survivent aux autres, je crains qu’il n’y ait qu’un seul vainqueur, autrement dit, l’un devra être sacrifié. Et bien sûr, le mentor aurait à choisir qui devra mourir ou non… De quelle manière, je ne sais pas. »

Je secouais la tête.

« Mia, arrête de te faire du mal … Quoiqu’il en soit, on ne peut rien y faire pour l’instant. On verra bien ce qu’il adviendra … Moi je préfère me focaliser sur ce qui est positif : ils disent que les tributs restent ensemble pour le meilleur comme pour le pire. La partie « meilleur » peut nous réserver une bonne surprise … »

J’étais conscient que c’était un maigre espoir, mais j’étais bien décidé à m’y rattaché. Je passais mon bras autour d’elle pour poser sa tête sur mon épaule. J’appuyais ma tête contre la sienne et regardais le paysage du Capitole approcher, ses grands ponts que je voyais chaque année apparaitre avec la même boule au ventre. On ne pouvait plus reculer … On ne le pouvait jamais vraiment.